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Expérience Déconcertante.


Cafine

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Salut à toutes et à tous, ça fait un bail que je suis pas passé par ici, le temps et les aléas des études m'aillant éloigné des plates bandes vertes de l'hypnose et de ses merveilleux pratiquants.
Aujourd'hui je vous fait un retour d'expérience vécue cet été et qui a été pour moi l'occasion de me rappeler quelques principes fondamentaux de l'hypnose.


Contexte

Nous voilà donc en centre de vacances pour jeunes d'environ 13 ans, Angleterre, superbe séjour linguistique et sportif, je vous passe les détails de mon métier d'animateur de colonie.

Après une veillée Fureur, que certains connaissent peut-être, nous passons au temps de retour au calme, un temps pénible quoique nécessaire si on veut que les enfants aillent se coucher.
C'est à ce moment qu'un de mes collègues, plus précisément mon directeur, décide, de compter une histoire qui, très honnêtement, ressemble beaucoup à une sorte d’induction d'hypnose.

Je sais que cette personne ne pratique pas l'hypnose, puisqu'on a déjà travaillé ensemble, il sait que j'en pratique mais que je ne le fais pas en colo, cela dit il étudie la psychologie depuis un moment, je laisse donc passer et puis bon il ne s'agissait pas de faire oublier des mots ou de jouer sur les souvenirs ce n'était vraiment pas une plongée dans l’inconscient profond.

Pour situer Il s'agissait d'un moment allongé ou les enfants devaient utiliser leur imagination pour se calmer, on se concentre sur la détente de ses muscles etc etc..

Seulement après quelques minutes (honnêtement moins de 5mn juste de quoi prendre le temps de ranger deux bricoles) une des filles commence à montrer des signes de malaise. Si les autres animateurs ne s'en rendent pas forcément compte ou pensent qu'elle s'agite juste; c'est comme par hasard une des plus excitée du groupe; je fais signe à la personne qui anime qu'il devrait la faire se lever. Ce qu'il fait. Bon à ce moment je ne suis pas si inquiet que ça. Et puis je suis chargé d'amener les enfants se coucher donc je fais mon travail. La jeune fille est placée de coté pour qu'elle puisse revenir à elle.

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Bon pour moi c'est de l'hypnose, une bonne grosse claque pour endormir les enfants et globalement ça marche bien puisque la plupart de ceux qui se sont prêtés au jeu sont déjà en train de s'endormir, on les lève et les accompagne vers la sortie, et sans surprise ils s'endorment vite. (Mission accomplie)
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On termine de sortir les derniers jeunes qui vont se coucher avec une facilité déconcertante, puis je retourne dans la salle ranger les affaires
Je croise de nouveau la jeune fille laissée à l'écart avec notre directeur. Pour le moment ils discutent, et je vois qu'elle respire relativement mal. Là je comprend enfin qu'elle est sur la pente douce et difficilement inévitable de l'abréaction. A ce niveau, pour ceux/celles qui l'ont déjà vécue, ou vue : on est déjà dans le "palliatif".
Ça fait un moment que je ne suis pas tombé sur un cas d'abréaction donc tout fuse dans ma tête alors que mon collègue me demande des conseils.
Je lui conseille donc de lui dire que tout allait bien se passer, que si elle souhaite pleurer qu'elle avait le droit, de rester avec elle, la soutenir, l'épauler et d'aller on son rythme. Je le rassure au passage : tout finit par aller mieux.

Je continue de ranger tandis que lui décide de l'amener à un endroit plus confortable qu'une salle avec un parquet.

Cependant je les recroise sur le chemin du retour et là, ça ne va pas.
La fille vire vers un état d’inconscience, elle tangue, n'arrive plus à communiquer.
A partir de ce moment je décide de rester. J'essaye de procéder à un réveil, qui ne fonctionne pas. On l'allonge. Au milieu d'un chemin. Au bout de quelques minutes, elle ne répond plus, allongée au sol elle respire de manière très saccadée et rapide. On patiente un peu. Je la couvre, je réalise quelques tests du score de Glasgow. Aucune réaction. ça fait bien 1h que la veillée est terminée.

On décide d’appeler des membres anglais du centre et par la suite les pompiers.

A partir de là je nous ne sommes plus seuls, je reste avec la fille en lui pressant constamment la main et en lui parlant tout à fait normalement pour lui décrire la situation, que tout va bien se passer et qu'on la prend en charge. (merci le brevet de secourisme)
A ce moment précis, l'objectif c'est de parvenir à obtenir une réaction consciente donc je l'invite à essayer de serrer ma main et à y mettre tout son sien tout en lui disant qu'elle ira mieux et que tout redeviendra normal dans peu de temps. Je demande aussi au directeur de s'éloigner, ce qu'il fait. À ce niveau j'avais l'inquiétude que sa voix la fasse plus partir qu'autre chose. Bon honnêtement, j'ignorais totalement si ce que je disais servait à quelque chose à ce moment précis.

Au niveau physique, réaction impressionnante :
- respiration saccadée
- Rythme cardiaque un peu plus rapide
- état visible d'inconscience
- yeux convulsés

La fille a fini par se réveiller spontanément dans l'ambulance (au fond c'est une sortie de transe et une suggestion balancée longtemps avant qui se réalise), qui l'a tout de même amenée à l’hôpital pour faire des analyses. (RAS)

Bon je peux vous dire que même si je ne suis pas directement responsable de la situation, ça fout un froid monstrueux. J'ai déjà vécu des formes d'abréactions plus soft avec des remontées d'émotions qui peuvent se gérer et qui, OK, ne sont pas forcément négatives, mais là c'était vraiment un niveau au dessus et je n'arrive pas à concrètement comprendre ce qui s'est passé.

Fin de l'histoire :
On a appris par la suite que
1) Ce n'était pas la première crise d'angoisse qu'elle faisait. (mais je pense qu'à ce niveau ça devait être une première)
2) Une de ses amies est plongée dans un coma artificiel depuis plusieurs jours.
 

Au final Tout allait bien pour la fille qui m'a remerciée d'avoir été là pour elle et de l'avoir soutenue : elle était totalement consciente mais incapable d'agir sur son corps.



Ce soir là j'ai commis une erreur puisque j'ai compris ce qui se passait :  J'aurais du immédiatement faire sortir la fille avant la fin du retour au calme. Ça faisait un moment que je n'avais pas été face à une forme d'hypnose et j'ai totalement oublié, sur le moment, qu'une suggestion donnée par une ambiance et une voix, continue d'agir si la personne reste présente, même debout et éloignée. Pour moi j'ai eu l'impression de ne pas porter assistance à temps, ce n'est vraiment pas une sensation agréable.
Petit rappel  1 : l'hypnose c'est comme une balle rebondissante, surveillez les autres personnes autour de votre séance.
Petit rappel  2 : faites attention avec vos audiences, n'hésitez pas à arrêter si quelque chose ne va pas.
Petit rappel 3 : l'hypnose et les enfants = source de problème.
 

Autre chose : comme gérez vous ces situations? Avez vous déjà eu des cas similaires? A ce niveau je ne sais même pas si on peut parler d'abréaction puisque nous n'étions pas vraiment face à une décharge émotionnelle.
Du coup, abréaction ou pas?
Transe profonde ou pas?
Dissociation?

honnêtement je ne sais pas, c'est pourquoi je viens vous en parler.

Voilà voilà..


 

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Je serais curieuse d'avoir le contenu de ce qu'a dis ton collègue lors de cette "séance". 
A la lecture de ton poste, je me demande si tu ne fais pas quelques raccourcis rapides, pris sous ton angle de vu. 
Ce genre de moment calme, ou l'on allonge les enfants les yeux fermés, puis leur fait imaginer des choses, on l'a tous déjà vécu lorsqu'on était plus jeune, non ? 
Ce n'étais pas de l'hypnose en soit, mais cela fonctionnait effectivement pour nous apaiser lorsque c'était nécessaire. (Mais quelque part... comme lorsque l'imagination des enfants travail quand on leur lit un livre, non?) 

Je me dis simplement que peut-être, cette jeune fille, dans sa situation sur le moment (que tu précise toi-même : crises d'angoisses régulières, amie en coma...), aurait, d'une façon ou d'une autre, eu ce genre de crise. Alors peut-être que le travail de l'imagination à facilité la chose, mais a mon sens, le petit moment de détente n'en est pas forcément la cause... 

Après effectivement, peut être que dès les premiers signes il aurait fallu isoler l'enfant, discuter avec elle, etc... Mais ca c'est bien plus facile à dire une fois qu'on à la suite de l'histoire... 

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