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Le Vrai Spéctacle


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Une incongruité logique.

Une bonne amie(que je ne soupçonnais pas encore comme tel à ce moment donné), une férue de théâtre, étudiante dans ce domaine, passionnée, m'avait contactée il y a quelque temps. Pour ajouter une expérience à son mémoire, dans sa mémoire.

-allo? -oui? - Dans le cadre de mon mémoire sur l'état de sommeil du spectateur au théâtre, on m'a conseillé de me faire hypnotiser. On peut se rencontrer? -Volontiers

au passage les acteurs et théatreux en plusieurs genres sont très souvent de bon "sujets".
D'autant qu'ils sont généralement, volontaires pour explorer leur imaginaire.
Plus ou plus entraînés à rentrer dans la peau du rôle qui sera le "leurre"... si ce n'est pas de l'hypnose ça, qu'on me mette en trance !

Mais dans ce cas là ce n'était pas son cas, dans le sens ou elle n'est pas seulement actrice de sa propre vie, et ainsi voyait aussi bien les devants que les dessous de la scène.

Touchant du bout du coude à plusieurs râteliers, actrice, comédienne, miseuse en scène, mime, clown à temps gag né pour ceux qui la connaissent...

 

Elle m’expliqua entre autres, que de nombreuses personnes allaient au théâtre pour dormir, ou du moins, si ce n'était prononcé si  crûment, vivaient une sorte d'endormissement durant l'oeuvre. 

 

J'entends vos railleries, ... et  bhen non :   pas forcément parce que le spectacle soit pourri (ou chiant à en fermer un œil avant l'autre oreille) , mais bien parce que le cadre l'ambiance, le milieu est propice à modifier une fois de plus notre état mental (que je ne qualifierais pas de normal) vers un état de somnolence voire hypnotique pour les intimes (ou les naïfs qui pensent que cela existe vraiment).

 

 Et cela ne les empêche pas forcement pour autant de suivre le cours du spectacle dans cet état, même si leurs perceptions en sont indubitablement   modifié  altérées (c'est plus joli).

Je passe les détails croustillants de la séance,

mais je pondis tissais avec elle, en quelque sorte, une voulte de conversationnelle lui permettant au fur et à mesure qu'elle rentrait dans l’expérience, de progressivement se retrouver projetée dans un espace particulier. Situé simultanément à l’extérieur et à l’intérieur de notre propre théâtre mental.

Le synopsis était, vous vous en douterez, parsemé de subtiles suggestions entrelacées par delà de nombreuses ruptures de patterns verbale et muettes, 

Découvrant ainsi le rideau sur : Un état ou l'on devient à la fois l'acteur et le spectateur de sa propre expérience !

 

Mais ça,   vous connaissez déjà, ou si ce n'est pas le cas faites vous hypnotiser.

 

Berf, peu après nous discutons et elle me parla du Vrais Spectacle de Joris Lacoste:

Ce projet est une tentative de produire un spectacle mental. Le texte, l’acteur, la lumière, la musique, tous les moyens du théâtre sont mobilisés pour créer une expérience hypnotique au sens propre, qui déplace la scène dans le cerveau du spectateur : le vrai spectacle, c’est celui que chacun se fait à lui-même.

 

mais c'est ça!!!!

 

je vous propose donc quelques feed back des spectateurs sur cette expérience du vrai spectacle :

 

«J'avais la sensation qu'il y avait des chevaux. J'étais dans cette prairie mais je ne faisais pas ma taille actuelle, j'avais la taille d'un brin d'herbe.»

«Je me dis que je viens de vivre un truc de ouf, que c'est la meilleure drogue que j'ai jamais essayée, le meilleur trip (…), la meilleure œuvre d'art jamais vue.»

 

et enfait non, voilà le lien des témoignages, pensez à ne pas trop partir avec eux dans leurs récits :)

Le vrai spectacle

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enfait si, un extrait j'ai craqué : un récit

 

croyez y ou laissez vous aller : 

Alors alors, mon vrai spectacle…

Bon déjà, faut dire que j’étais prêt à me laisser envoler-embarquer. Mais là, franchement…

Bon, donc, je tente de raconter, ce sera confus et partira dans tous les sens, forcément, comment faire autrement. Et puis j’oublierais des trucs que je renverrai surement parce qu’il ne faut rien oublier hein.

OK bon, je m’installe tranquille sous ma couverture, j’enlève mes chaussures, bref, je fais tout ce qu’on me dit, je suis bien docile et j’ai envie de. De quoi, j’en sais rien, mais je suis prêt.

Je me dis que ça va être compliqué parce que la position la plus confortable que j’ai trouvée n’est en fait pas très confortable mais OK, bon. Je pose ma tête sur le siège d’à côté, calée autant que possible sur mon pull roulé en boule.

J’écoute, j’écoute, je regarde, je me dis que, vraiment, ils sont trop forts, tous : le théâtre de Gennevilliers, Cati Olive, Pierre-Yves Macé, Rodolphe, Joris, forcément.

OK, bon. Je suis prêt.

J’écoute, ça me rassure, on me parle « normalement », pas en mode « paupières lourdes truc truc ».
J’entends qu’il nous dit (là, il parle encore à tout le monde je pense) que ça va être un spectacle-drogue, trop cool, je suis prêt au trip, en mode acide / LSD. Et puis il raconte son expérience (enfin sûrement celle de Joris mais OK, bon), parle de responsabilité, bref me rassure complet.

Il dit que ça a déjà peut-être commencé et là, je me rends compte que l’espace a changé (avant, une structure était penchée sur nous, là l’espace devient rond, enveloppant), que les lumières aussi, je me redis que Cati Olive quand même !

OK, bon, oui en fait ça a déjà commencé, oui, en fait, oui. Je vois que la lumière commence à vibrer autour du corps de cet homme qui nous parle, comme un halo autour de son corps, comme si son corps lui-même irradiait de la lumière, diffuse, vivante, floue. J’entends ce mot d’ailleurs « flou ».

Je veux garder les yeux ouverts, je veux garder les yeux ouverts, pour voir cette lumière vivante, pour me redire encore et encore que Cati Olive… Pour « voir » où ça va. Et pour écouter aussi, parce que c’est super intéressant ce truc de spectacle réel vs spectacle vrai. C’est intelligent, c’est vrai, ça change le monde (mon monde) mais c’est évident, simple. Là je me dis qu’il commence à ne parler qu’à moi, en tous cas, qu’il n’y a que moi qui entend ça comme ça. Il parle à tous, mais je suis seul à comprendre avec cette intensité.

Je sens que mes paupières tombent doucement mais il a dit qu’il nous dira plus tard quand fermer les yeux, alors OK, bon, je les garde ouverts, OK. Et tant mieux, parce que je me raccroche à sa parole, je me dis que j’ai encore un rapport avec le spectacle réel, je vois qu’il s’éloigne, qu’il fait des répétitions, je me demande s’il y a un peu d’impro, puis me dis que sûrement pas, que cet acteur est génial, que je commence à avoir mal au dos, que je commence à voir les stroboscopes dont j’avais été prévenu, que je ne savais pas qu’un stroboscope pouvait être si délicat… Bref, je suis encore au Théâtre, à Gennevilliers.

Il dit que certains mots seront peut-être adressés à d’autres, que c’est pas grave si je les loupe, que les bruits des spectateurs ne vont pas me gêner, que je n’ai qu’à me dire qu’ils font partie du spectacle, que c’est écrit. Deuxième révélation-révolution : je n’avais jamais pensé les choses ainsi, mais oui, forcément, c’est ça le théâtre, bien sûr. Mais bien sûr ! Mais oui. Merci. OK, bon.

Ah oui, aussi, un autre truc très fort, il dit qu’il y a de la musique, sûrement depuis un moment, mais je ne m’en rendais pas compte. Mais il dit qu’il y a de la musique et, oui, d’un coup, je l’entends, très distinctement. Il le dit, et hop, ça existe, tout d’un coup. Parole performative, je me dis.

Bon, ça c’est encore un peu le spectacle réel, presque objectif, en tous cas, possiblement partagé avec les autres spectateurs…

Et donc, bon, je suis là, détendu (parlons un peu de moi, de mon expérience), prêt, je sens que je suis en pré-hypnose, si ça existe, en tous cas, je sens que ça commence, que ça a commencé, quelque part.

La tête calée sur le siège d’à côté, je regarde cet homme avec une drôle de perspective, un peu comme quand on s’allonge pour regarder un film sur son canapé, la tête sur les genoux de l’autre. L’horizontal devient le vertical et vice-versa.

Il y a toujours ce halo de lumière autour de son corps, qui vibre. Il m’invite à prendre sa place, à me projeter, là, sur la scène. OK, bon. OK.

J’ai toujours les yeux ouverts, j’attends qu’il me propose de les fermer. Et puis, je veux encore voir, d’autant que je sais que ça ne va pas durer, que mes yeux vont se fermer bientôt.

Je regarde la lumière, je ne vois plus son corps, encore un peu son visage. Il dit ce qu’il n’est pas.

Plus il dit ce qu’il n’est pas, plus je vois ce qu’il est. Je vois, en fait, son visage flotter, presque détaché de son corps, comme flottant dans la lumière, comme étant lui même une lumière vibrante, vivante. Je vois très clairement qui il est. Sauf qu’il change de personnes sans arrêt. D’abord, il est très cinématographique (ça aussi, il le dira, mais plus tard, et je l’entendrai comme un repère, une validation, un jalon- je ne me suis pas perdu, puisqu’il dit ce mot là, « cinématographique »). Il commence par être un ami proche, Pierre, aux cheveux longs, à la barbe touffue qui me regarde jusqu’à ce que je me rende compte qu’il a des lunettes de vue. Et qu’en fait il est Brad Pitt, oui, oui, Brad Pitt, oui. Jusqu’à ce que je me rende compte qu’il est chauve. Et nain. Et qu’il a son corps à côté de son visage mais bien plus bas. Posé là, en voisin.

C’est pas qu’il n’est plus Brad Pitt, mais il est comme Pierre, qui est en fait Brad Pitt, qui est en fait un nain chauve. A un moment, il est aussi Benoit Magimel mais italien, (la preuve : sa chemise s’est échancrée et on aperçoit son cou) et je vois qu’il est très très très important qu’il soit italien, je me raccroche à cette nationalité, sinon, ça n’aurait aucun sens, mais comme il est italien, ok, ça marche, c’est comme le détail qui valide, qui prouve que c’est bien vrai, que je ne délire pas, bref, que je ne suis pas encore « parti ».

Et puis finalement, c’est son visage qui se dédouble. (là, je me dis que c’est ma position qui appuie sur mes yeux, les étire, trouble ma vue, me fait voir double ; je relève la tête pour vérifier, non, c’est bien ça, je me repositionne, OK, bon).

Il est en fait un satyre, mais gentil, avec un grand sourire vert. Et puis des cornes toutes douces, toutes arrondies. Mais en même temps, il est une créature des bois, fragile, furtive, un animal démoniaque, mais gentil, gentil.

Et puis son visage se met a flotter, indépendant. Il laisse des traces de son passage, dans l’air, dans la lumière, un peu comme quand on essaie de déplacer un dossier sur un ordinateur, mais que ça bugge, que ça laisse une trace pixelisée, pour finalement rester là, flottant, au milieu de son parcours.

Et là, presque au milieu d’une phrase, sûrement d’une énumération, il dit, presque comme dans une parenthèse, un truc sans importance, une petite digression, comme ça, semblant de rien, au passage, il dit, ou plutôt, il propose, il offre la possibilité de fermer les yeux. Je suis à ce moment là scotché à son visage-lumière: son visage est cette lumière qui tremble, je ne veux pas quitter cette lumière, ce visage des yeux. Mais il propose de fermer les yeux. En un instant, mes yeux se ferment D’EUX-MEMES. Je ne les contrôle plus, ça y est, je me dis que je viens de perdre le contrôle, que je ne maîtrise plus, qu’il me manipule. Mais ça va, j’ai confiance, comme s’il s’agissait d’un bon ami qui me prend la main, me tient la tête pour vomir, me parle quand je suis en pleine descente. J’ai confiance… Mes yeux se ferment donc tout seuls, d’un coup, comme une lumière qui s’éteint soudainement (panne électrique), ou plutôt une porte qui claque sous le coup d’un courant d’air, ça ne se maîtrise pas. Je ne maîtrise pas.

Après ça devient plus flou, je ne me souviens que de moments, et je ne sais plus trop dans quel ordre. Je sais que de temps en temps j’entends distinctement des mots, que j’ouvre les yeux, pour voir ce qu’il se passe sur scène, deux fois, pour les refermer aussitôt, c’est comme un clignement de cils, mais à l’envers. Je sais qu’à un moment je me dis qu’en effet les bruits des autres, le ronflement là en bas, font partie du voyage, que c’est écrit, c’est pour moi. Une proposition qu’on me fait, et que j’accepte.

Sinon, donc, je me projette à la place de cet homme-visage qui n’est déjà plus qu’une voix. Et je voyage de situations en situations, tout est lié sur le moment, mais là, en l’écrivant, je me rends compte que je n’ai plus souvenir des enchaînements de situations, et qu’il est assez difficile de décrire ces différentes situations car au-delà des situations elles-mêmes, c’est ce que je ressentais sur le moment qui importe, l’intensité avec laquelle je les vivais, tout en étant dans une légèreté, un flottement, un flou continuel. En mouvement.

Je suis à un moment dans la jungle, je marche, je rampe, je ne suis pas perdu, je sais où je vais : toujours tout droit. Je pousse la végétation qui est de plus en plus luxuriante pour me frayer un passage. Toujours tout droit. Je marche, je marche, j’ai des yeux, je vois super bien, je vois comme un animal dans la jungle, je suis dans la jungle, je suis dans Apocalypse Now (il y a des hélicoptères), j’ai des yeux qui se cernent de noir, mais c’est beau, comme un maquillage, comme la marque de la jungle sur moi. Je marche par et avec mes yeux et ce maquillage. Et puis il y a une mouche géante (ou un moustique?), plus grande que moi qui me fonce dessus, qui bourdonne très fort en me fonçant dessus, comme un effet 3D au cinéma. Mais ça m’est égal, je suis dans la jungle, c’est normal, je continue mon chemin, toujours tout droit. Je suis la jungle. Et puis mes pieds commencent à s’enfoncer dans le sol, dans la terre, alors que je marche. Comme dans de la boue, mais ce n’est pas de la boue. C’est que mes plantes de pieds ont la peau filandreuses. Ma peau sous les pieds, c’est en fait des filaments de terre, reliés à la terre. Mes pieds sont reliés au sol par ces fils de terre. Je ne marche plus, mais la terre fait bouger mes filaments de pieds pour me faire avancer. C’est la terre qui me fait faire des pas, qui me porte, m’accompagne. Et puis forcément, à force de marcher, j’arrive quelque part. Dans un couloir d’hôtel ou de métro, c’est la même chose. Il y a un garçon qui joue aux billes à l’autre bout du couloir, mais très loin, il ne me voit pas, moi non plus d’ailleurs, mais je le vois quand même. Il dit, comme pour lui-même que j’ai la peau blanche, c’est vrai, mais que de l’autre côté, ma peau est noire. Que c’est bien pratique. Que si je le voulais, je pourrais retourner ma peau, un jour, et être noir, puis la retourner à nouveau pour redevenir blanc, etc. Il a les cheveux qui poussent, ça lui fait une grosse touffe. Il y a des logos dans ses cheveux, des logos étranges mais des logos de luxe.

J’entends qu’il y a un dirigeable blanc qui arrive, j’y vais, je monte dedans pour m’envoler, il y a d’autres personnes mais je ne les vois pas parce qu’en fait je suis dans un ballon de foot, qui roule dans des herbes hautes. Je suis tout petit. C’est un ballon de foot classique en cuir mais avec un Hello Kitty dessus. Je roule dans les herbes hautes, je suis assis sur un canapé, la cheminée est allumée dans le ballon de foot. Je suis bien.

Le ballon s’envole, très haut, très près du soleil, mais je n’ai pas plus chaud, il ne me brûle pas. J’aperçois mon mari, assis sur un nuage qui me sourit et me fait un clin d’œil sous ses lunettes. Je suis content, rassuré, je ne fais pas fausse route.

Et puis il y a cette danseuse dont l’acteur avait parlé avant que je ne ferme les yeux. Elle est là mais à deux endroits différents. Enfin, elle flotte à deux endroits différents, dans le noir absolu, comme dans le vide. D’un côté, c’est une danseuse d’opéra en tutu et pointes qui danse dans les stroboscopes d’une boîte de nuit. De l’autre, c’est une danseuse en jeans baskets qui danse, seule, sur la scène de l’opéra. Il n’y a pas de musique. D’ailleurs, elle ne danse pas, elle se laisse porter par l’air, comme une poussière qui vole. Son visage disparaît, puis son corps. Ne restent que ses vêtements qui flottent, volettent. 

Je sens que je reviens doucement sur mon siège de spectateur, au théâtre, à Gennevilliers, au spectacle réel. Que je suis déposé là, gentiment, par cet air qui faisait flotter cette danseuse.

Je sais que je vais ouvrir les yeux, bientôt. La voix me propose de le faire, je le fais aussitôt, presque sans le vouloir, sans le maîtriser, sans le décider. Je suis dans le noir total, je suis au théâtre, mais je suis seul. Seul spectateur. Je pense aux ondes binaurales, je me demande si j’en entends en ce moment. Une lumière arrive sur le corps du comédien. Verte, encore. Légère, très légère, presque imperceptible. En tous cas, elle est pour moi seul, c’est sûr.

Je reviens peu à peu au spectacle réel, à la réalité, à la situation. Je vois les autres spectateurs, je vois la lumière se faire, je comprends que c’est fini, on me dit que c’est fini, je me dis qu’il faut applaudir, que ça se fait. Je pense au théâtre grec où, paraît-il, on applaudissait pour faire sortir les acteurs de leur transe à la fin de la représentation. Mes premiers applaudissements sont mous, j’ai les bras engourdis à cause de la position, et puis je dois sortir les bras de sous la couverture, c’est chiant. J’applaudis mollement comme pour reprendre le contrôle de mes bras, me sortir de l’hypnose. Puis je me dis que, quand même, il faut applaudir pour le spectacle. Je le fais mais pas comme j’aurais voulu. J’aurais voulu me lever pour montrer mon enthousiasme, applaudir « à tout rompre », crier des bravos. Mais je pense qu’on ne va pas m’en vouloir, que c’est normal, après un tel trip.

Je m’extirpe de la salle. Je voudrais rester là. Les gens derrière moi commencent à parler, ça m’agace. Dans le couloir, la lumière me fait un peu mal. Je me dis que je pourrais profiter de cette hypnose pour arrêter de fumer, mais bon, il me reste des clopes, alors…

Je voudrais parler avec les gens que je connaissais dans la salle, voir si François est encore là, attendre que Joris sorte… Mais je me dis que je n’aurais rien à dire là tout de suite, en plus je dois avoir une sale gueule, comme après une sieste. 

En même temps, je sens que la peau de mon visage est super détendue.
Je sors donc, pour aller vers le métro, et puis en fait, non, je prendrai le bus, parce que j’ai pas envie d’avoir une descente dans le métro, avec ses bruits et ses néons.

Je me dis que je suis comme en descente de MDMA, mais, douce, sans cet espèce d’état dépressif dû à la drogue. Je me sens léger. 

Je me dis que je viens de vivre un truc de ouf, que c’est la meilleure drogue que j’ai jamais essayée. Le meilleur trip. Le meilleur spectacle. 

Je me dis que Joris is my man, qu’il est génial, qu’il m’impressionne. Incroyablement.

Je me dis que c’est le meilleur spectacle que j’ai vu. La meilleure expérience, la meilleure œuvre d’art jamais vue.

Que je me suis fait manipuler, peut-être, mais qu’au final, on se fait toujours manipuler par une narration, une fiction. Alors peu importe. C’est normal, au théâtre, d’être manipulé. Et puis là, c’est moi qui faisais ma fiction. 

Je me dis que cette fiction me ressemble beaucoup.

Je rentre comme défoncé par l’expérience, j’en parle autour de moi, je fais des envieux (il n’y a plus que deux dates, complètes). J’y pense souvent, je l’écris ici.
Je me dis que j’oublie des choses, sûrement, que je devrais peut-être envoyer de nouveau un mail post-scriptum. Je me dis que je ne vais pas relire ce que je viens d’écrire.
 

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