Agraf Posté(e) 15 août 2014 Signaler Partager Posté(e) 15 août 2014 En ce moment, plutôt que d'hypnotiser, j'essaye d'être moi-même hypnotique. C'est assez abstrait comme concept, ça passe notamment par un choix osé de chemises que toutes les personnes qui m'ont croisé ne pourront pas nier. Il y a aussi l'idée de passer 10 minutes devant son miroir à se faire les gros yeux tous les matins. Enfin bref. Vous voyez, moi non plus je ne sais pas trop ce que c'est qu'être hypnotique. Quoi qu'il en soit, j'étais tout à l'heure dans le bus. Comme nous traversions une longue route de campagne, assommé par la chaleur ambiante, je n'avais de plus saine occupation sur le moment que de m'hypnotiser. Je fermais donc les yeux pour me concentrer sur l'air que j'inspirais et que j'expirais, et sur toutes les autres personnes qui inspiraient et expiraient ce même air, et sur le mouvement que les fenêtres ouvertes lui donnaient à mesure que nous avancions entre les vergers et une barrière de cyprès. Comme la route tanguait, je déplaçais mon bras pour attraper la barrière de sécurité (il faut dire que j'étais assis sur une place handicapé). Soudain, un "cling" retentit dans tout le bus, me sortant instantanément de ma rêverie. Je venais d'actionner avec ma main le bouton pour l'arrêt du bus. Je regardais un peu paniqué autour de moi : le message "Arrêt demandé" clignotait effectivement, mais tout le monde semblait être endormi. Tous sauf la personne en face de moi qui se mit à l'instant où nous croisâmes le regard à reprendre une conversation qui n'avait jamais démarré. "Et c'est vrai que Canet, par rapport à St Marie, c'est quand même moins bien au niveau des plages, parce que moi, tu sais, j'ai habité à la Rochelle et..." Un peu abasourdi par la scène, j'acquiesçais néanmoins et m'engageais avec lui dans cette passionnante conversation sur sa vie. Nous quittâmes enfin cette longue, longue longue longue route de campagne pour atteindre le rond point où se situait l'arrêt que j'avais bien malgré moi bipé. Le bus s'y arrêta en silence. Même mon voisin, instinctivement, se tut. Personne ne bougea, ni ne parla. Le temps était comme figé. Au bout d'un instant qui me sembla être une éternité, le chauffeur ferma la porte. Le bus fit un tour complet et repartit sur la petite route de campagne. Tout le monde était comme pétrifié. Les yeux ouverts, figés, endormis. Mais une certaine tension planait dans l'air. Mon voisin se remit à parler, comme pensant à haute voix "Mais il est en train de faire demi-tour ? Tu crois qu'on s'est trompé de bus ? Tu crois qu'il fait demi-tour ? Peut-être qu'aujourd'hui il fait demi-tour parce que c'est ferié ou qu'on n'a pas pris le bon bus. Je voulais aller à la plage, tu crois qu'il va à la plage ? Tu crois qu'il fait demi-tour avant d'aller à la plage ?"Heureusement, un adolescent, situé juste derrière le chauffeur, trouva la force de se pencher légèrement et de murmurer quelques paroles à l'oreille du chauffeur avant de se radosser lourdement contre son siège. Comme il n'y avait aucune possibilité pour le bus de faire demi-tour sur cette longue, très longue route de campagne, nous n'avions toujours pas la certitude que le chauffeur avait effectivement eu le message. Mais à mesure que nous avancions entre les cyprès et les vergers, la tension devenait plus lourde et plus palpable et mon voisin se résolu à ne plus parler. Enfin, nous parvinrent à un nouveau rond-point et le chauffeur pu faire demi-tour. Une nouvelle fois, cette longue route s'ouvrait à nous avec ses vergers d'une part et ses cyprès de l'autre. Cette interminable route. Une nouvelle fois. Mon voisin se remit à parler et quasi instantanément, je me trouvais arrivé à mon arrêt, comme transporté. Induire une rupture de pattern à un chauffeur avec le "cling" de son propre bus et sans parler... Si j'arrivais à faire ça à la demande, ce serait carrément hypnotique vous ne trouvez pas ? ^^ ________________________________ Aller, parce que c'est vous, une autre anecdote, sur les gros yeux cette fois !Comme se priver des dialogues originaux sous de fallacieux prétexte de bienséance me paraîtrait dommage, il me semble nécessaire de prévenir le jeune lecteur comme l'esthète ou la personnalité sensible qu'il lira ici-bas quelques paroles un peu crue. Vous allez croire que je suis tout le temps en train de me déplacer... J'étais dans le train lorsqu'une furie a pénétré dans le wagon, hurlant des "bande de fils de pute" et autre joyeusetés une première fois. Je terminais donc mon activité, passablement agacé par cette animation importune. La jeune femme passa une deuxième fois, explosant une vitre de sécurité pour récupérer le marteau brise-vitre, tout en continuant de beugler aux quatre vents. Je me levais donc de mon siège pour la regarder. Un passager se leva alors pour lui intimer de "ferme ta gueule grosse pute, tu emmerdes tout le monde !" Elle le traita de tout, à deux doigts d'en venir aux mains, avant de poursuivre son chemin dans le wagon. Moi, je la regardais. Vous savez les regards un peu vide et très insistant. Le regard qui te regarde mais qui te dit rien. Elle le croisa soudain et se tut. Secouant la tête, elle parvint à s'en détacher et se prit de nouveau à insulter les gens en se déplaçant. En arrivant devant moi, elle se tut une nouvelle fois, me regardant furtivement, l'air interrogative. Avant d'accélérer le pas et passer au wagon suivant en hurlant de plus belle. La tension était palpable. Personne ne disait rien mais les regards échangés étaient évocateurs. Je restais muet, debout à mon siège. Ayant récemment travaillé mon empathie, je ressentais presque de façon maladive la nervosité de l'air, des gens.La jeune femme déboula une nouvelle fois, en silence cette fois. Elle passa devant l'homme qui s'était reçu sur le crâne le verre du marteau brise-vitre. Ce dernier se leva et lui hurla dessus "Bon maintenant tu vas t'asseoir et fermer ta gueule". Une nouvelle fois elle se déchaîna, tant et si bien que le pauvre homme se rassit sous le choc du niveau sonore. Sans la quitter des yeux, je me dirigeais vers le lieu de la brouille, à quelques mètres. Très lentement, comme lorsque j'essaye d'attraper une poule dans mon jardin et que je ne dois pas l'effrayer. "J'suis désolé gros fils de pute pour le verre, sale fils de pute j'suis désolé j'te dis, j'ai pas fait exprès, tu sais pas qui je suis moi, je viens de Marseille fils de pute, j'viens de Marseille t'entends ?" Arrivant à son niveau, je mis la main sur son épaule et intimait de ma voix la plus douce et la plus indiscutable "Aller, va t'asseoir". Même alors, elle fit tout pour éviter mon regard, qu'elle sentait probablement posé lourdement sur elle. Elle eut un instant de blanc avant de se reprendre et de continuer à insulter le pauvre homme, qui lui répondait. Je reposais ma main sur son épaule, appuyant plus lourdement que la première fois, et indiquant une place avec mon bras si près de son visage qu'il lui frottait le nez : "Aller, va t'asseoir, maintenant". Elle repoussa mon bras comme on repousse un insecte un peu effrayant, de manière réflexe et automatique. Soudain, elle sortit de sa poche le marteau brise-vitre qu'elle avait volé quelques instants plus tôt et tout en s'adressant à l'homme "Sale fils de pute, tu veux que je te foute ça entre les deux yeux, j'suis de Marseille moi, j'suis désolé, j'suis de Marseille fils de pute !" Aux abois, je me baissais pour ramasser son sac à main qu'elle avait laissé au sol. Je ne la quittais pas du regard une seule seconde et je lui remis avec insistance son sac à main entre les bras en lui intimant "Aller, va t'assoir". Elle se résolu enfin à me regarder, visiblement très énervée, mais lorsque ses yeux croisèrent les miens elle se contenta de serrer son sac et de partir. Comme si la scène n'était pas déjà assez ridicule, les attaches de son sac se prirent une première fois dans les accoudoirs d'un siège, la retenant de manière pathétique une première fois. Puis exactement la même scène au deuxième siège et au deuxième accoudoir. Puis une troisième fois au troisième siège et au troisième accoudoir...Sur le point d'exploser de colère, elle se retourna alors pour me hurler je ne sais quelles obscénités dessus. J'étais en train d'enlever l'accroche de son sac de l'accoudoir, tout en l'observant silencieusement avec ce même regard vide et profond, très expressifs mais qui n'exprime rien, que j'avais depuis le début de la scène. Pétrifiée, elle me vit décrocher son sac de l'accoudoir, lui donner la hanse fermement dans la main afin qu'elle ne traîne plus sur le côté et ne la freine davantage, et tout en remettant une nouvelle fois ma main sur son épaule et en lui montrant une nouvelle fois sa place, je lui redisais du même ton atone et indiscutable, doux et froidement apathique "Aller, va t'asseoir maintenant". Enfin, elle s'assit et demeura silencieuse.Je ne sais pas si elle était hypnotisée ou quoi que ce soit, mais force est de constater que je devais être en synchro émotionnelle car au moment de me rasseoir, je sentais comme une sorte de nervosité et de colère bouillante parasiter mon corps, et il fallu un bon bain ce soir là pour m'en défaire. Quel genre de moments hypnotiques vous avez vous ? Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
neuneutrinos Posté(e) 17 août 2014 Signaler Partager Posté(e) 17 août 2014 Pour la première histoire... je ne pense pas que le chauffeur ait eu une rupture de pattern, ou alors je n'ai pas compris l'histoire. Pour la seconde ... quand une personne est aussi colérique ( pour des raisons qui lui sont propre ) elle sait que tout le monde va être en colère contre elle;elle cherche à se défouler (hmmm le bon pattern).et tu as fais ce qu'il fallait.Par contre il ne faut pas confondre synchronisation et auto-suggestion. (mais toi seul peut savoir )En tout cas le changement de comportement devait être spectaculaire ! Ça me fait penser à une petite anecdote , (avant que je commence à faire de l'hypnose) Je rentrais le soir chez moi en empruntant les ruelles sombres de Limoges,quand je me fit arrêté par une personne sûrement un peu éméché (ou autre ), en tout cas pas dans son état normal.Il avait l'air furieux et lui et son chien me bloquait le passage.Voyant que la discutions avec lui s’avérait tout aussi instructive que d'écouter le dernier album de Tale ( c'est cadeau), je me suis mis à regarder son chien qui semblait beaucoup plus apte à communiquer.Et je lui ait dit " C'est quoi la race de ce chien ? "Il me répond un croisement de race que je n'ai pas retenu mais c'était un beau chien (plus subjectif que ça tu meurs )Après je lui ai dit que j'avait un vieux chien, un labrador golden retriever ( sortit d'outre tombe de ma tête ), et que c'était un chien qui aimait sortir faire des ballades.La discussion qui suivit n'était pas si inintéressante si vous êtes un ami des animaux.Après une petites discussion de 10 minutes, j'ai dit au revoir aux deux compères et je suis rentré chez moi. Même maintenant j'ai du mal à me dire que je l'avais mis dans un état modifié de conscience... comme si il m'avais arrêter pour discuter depuis le début et à ce moment je ne voyait pas autre chose, c'est en me remémorant le souvenir que je me dit que ça aurait pu finir autrement. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Agraf Posté(e) 18 août 2014 Auteur Signaler Partager Posté(e) 18 août 2014 J'aurais du appeler ça le topic du jedi !^^ J'adore la façon dont tu as orienté la discussion vers la race du chien. Ca m'a rappelé une histoire que j'avais entendu sur un hypnotiseur qui se faisait suivre par des types louches, et qui s'était retourné vers eux en regardant sa montre et en leur annonçant avec un aplomb terrible "bon, si vous avez prévu de m'agresser il va falloir faire ça vite parce que j'ai prévu autre chose après" ; les types auraient alors passés leur chemin en disant "mais il est ouf ce type". Bref, d'autres jedi dans les parages ?^^ Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Eregrith Posté(e) 18 août 2014 Signaler Partager Posté(e) 18 août 2014 Histoires sympas même si j'ai pas tout a fait saisi ce que tu voulais dire dans la première, c'est en tout cas très bien écrit Pour ma part, comme je le disais dans un de mes compte rendus, j'aime jouer avec les gens réceptifs aux baillements. Un soir de réunion sociale pour raison festive de demi-anniversaire, je me suis fait passer le temps en améliorant la réceptivité d'un gars qui connais une de mes amies qui elle aussi est très très réceptive maintenant (je "l'ai travaillée" elle aussi, et maintenant suffit que je lui fasse des yeux de jedi pour qu'elle baille, meme si je suis de dos ). Ce gars, à la base, ne baillait que lorsque cette amie baillait et qu'il la voyait bailler. J'ai commencé par recentrer sur lui le mot "baille" et lui ancrer, en lui suggérant dans une conversation normale que "ca serait marrant, si quand on dit Baille tu imaginais [cette amie] en train de bailler, et que du coup... ca te fait bailler aussi !" ce a quoi il a répondu un bon gros baillement : premiere victoire. Après ca, j'ai continué à lui dire "baille!" régulièrement, pour bien ancrer le truc.Plus tard dans la soirée j'ai ajouté d'autres "passes magiques" comme un applaudissement de sourd et muet (vous savez, les mains qui tournent en l'air) ou bien un bouton-qui-fait-bailler installé sur son épaule, que même lui peut appuyer pour se faire bailler, tout ca bien sur sans jamais faire d'induction ou de transe ou whatnot. Les gens présents ont bien aimé pouvoir s'amuser avec une nouvelle personne Et de mon côté j'arrive à me suggérer de ne pas bailler quand je sais que ca commence à venir, ce qui me permet d'écrire ce genre de long post sans avoir les larmes aux yeux et mal à la mâchoire PS: Baillez Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Eregrith Posté(e) 18 août 2014 Signaler Partager Posté(e) 18 août 2014 Ah oui... et aussi j'ai l'habitude de toujours regarder les gens avec les yeux grand ouverts. Et je ne cligne pas des yeux. Pendant plusieurs minutes. Et ca fait peur (Demandez a ma copine, la première fois quand on s'est rencontrés mouhahaha) Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
BrunoJ Posté(e) 2 septembre 2014 Signaler Partager Posté(e) 2 septembre 2014 Ca m'a rappelé une histoire que j'avais entendu sur un hypnotiseur qui se faisait suivre par des types louches, et qui s'était retourné vers eux en regardant sa montre et en leur annonçant avec un aplomb terrible "bon, si vous avez prévu de m'agresser il va falloir faire ça vite parce que j'ai prévu autre chose après" ; les types auraient alors passés leur chemin en disant "mais il est ouf ce type". Heu... peut-être aussi qu'ils n'avaient vraiment aucune intention d'agresser Même chose pour l'histoire du chien... c'est fou, les gens sont cools quand vous discutez avec eux J'ai l'impression que vous vous créez de ces histoires... Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Brieuc du Garay Posté(e) 2 septembre 2014 Signaler Partager Posté(e) 2 septembre 2014 Tu peux m'faire fumer ce que tu fumes ? Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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