État de conscience altéré durant un rituel extrême

[Hugin]

Je n'ai pas eu le temps de le lire mais un de mes camarades qui travaille dans le domaine des neurosciences a partagé ça il y a quelques jours.

http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371%2Fjournal.pone.0153126

 

Il a lui même fait une présentation autour de ça et en effectuant des rapprochements avec l'hypnose, mais il n'a malheureusement pas rédigé d'articles reprenant son intervention (c'est dans la liste de ses projets, mais je crains que ça ne soit pas en haut). En attendant, si ça inspire des commentaires ici, ça peut être intéressant.

 

Et oui, désolé @Heyrin, c'est en anglais (et du moche en plus).

[neuneutrinos]

Dès que j'ai un peu de temps

[Heyrin]

Alors ? Quelqu’un d'anglophone a lu l'article ? Un résumé ?

[Hugin]

Une traduction express de l'abstract:

"Les rituels extrêmes (percing, marcher sur du feu) sont occasionnellement associés aux états altérés de conscience – altération subjective du fonctionnement mental ordinaire (Ward, 1984). Mais la preuve empirique de ces états est limitée, en utilisant des mesures tant directes qu'indirectes dans des conditions naturelles. On a mesuré positivement deux types d'états de consciences altérés chez les participants à la "Danse d'Âmes", un événement de 3,5 heures qui implique des percing temporaires, et la suspension de poids à ces percing, et une danse au rythme des percussions. Des mesures ont aussi été prises concernant les affects positifs et négatifs, le cortisol salivaire (une hormone associée au stress), le stress auto-évalué, l'excitation sexuelle et le sentiment d'intimité. Les participants percés et non-percés (perceurs, assistant, percussionnistes, observateurs) ont tous présenté des preuves d'état altéré [aligned with transient hypofrontality] (Dietrich, 2003) et de [flow] (Csikszentmihalyi, 1990; Csikszentmihalyi & Csikszentmihalyi, 1990). Tous les participants ont aussi témoigné d'une baisse de l'affect négatif et du stress psychologique, ainsi que l'accroissement du sentiment d'intimité. Les participants percés et non percés ont toutefois présentés des réactions physiologiques différentes. Chez les participants percés, on a observé un accroissement de la sécrétion de cortisol entre le début et le déroulement du rituel. Chez les participants non-percés, on a observé une baisse de cette hormone. Au final, le rituel semble avoir induit des effets physiologiques différents, mais des effets psychologiques similaires entre les participants principaux (les danseurs percés) et les participants ayant d'autres rôles."

[Heyrin]

Sans mesure de mon côté j'ai pu observer ce genre de réaction dans le milieu extrême du bref, du vous savez quoi. 

Le décorum, le rituel et l'effet de communauté dans le milieu que j'étudie semblent assembler les mêmes effets que décrit dans l'article.

 

Merci Hugin.

[Hugin]

J'avoue que, plus encore que les résultats de l'étude, ce sont les outils de mesure des états altérés qui m'intéressent. Surtout que la définition de la Conscience (avec un grand C) est loin de faire l'objet d'un consensus scientifique.

[Hugin]

C'est génial quand tu trouves des études gratuites sur internet

L'étude de Dietrich (2003) sur la "transient hypofrontality"

http://bscw.rediris.es/pub/bscw.cgi/d4434612/Dietrich-Functional_neuroanatomy_altered_states_consciousness.pdf

 

Un bout du livre de Csikszenthmihalyi (1990) sur le flow:

http://www.bates.edu/purposeful-work/files/2015/03/Csikszenthmihalyi-1990.pdf

 

Je traduis bientôt l'abstract du premier pour @Heyrin.

[Hugin]

Le premier article contient un passage très intéressant sur l'hypnose. Il est assez long alors je l'ai passé à Google Translate. Le résultat est bien plus lisible que je ne l'aurai cru, je vous le livre ici (mais bon, ça reste une traduction automatique, il y a donc des passages bizarres).:
 

Citation

2.4. Hypnose
Bien que toujours considéré avec scepticisme, l'hypnose a gagné respectabilité en médecine, en grande partie, en raison de ses effets démontrés sur l'analgésie. Il est moins clair cependant si hypnose constitue un état altéré de conscience. Quarante pour cent des sujets hypnotisés le décrivent comme un état altéré, tandis que 60% le comparent à un état d'attention focalisée (Kirsch et Lynn, 1998). Alors que certains chercheurs postulent un flux divisé de conscience dans l'hypnose (Hilgard, 1980) Les sujets hypnotisés ont rapporté ou présenté une analgésie, des images vives, des hallucinations dans toutes les modalités des sens, de l'amnésie, de l'intemporalité, Le détachement de soi et la volonté d'accepter des distorsions de la logique et de la réalité (par exemple, Kihlstrom, 1985, Orne, 1959, Tart, 1979). Plus généralement, les personnes hypnotisées restent totalement alertes, conversent avec les gens et naviguer dans l'environnement normalement. La principale caractéristique distinctive de l'état hypnotique reste le manque d'initiative ou de mouvement délibéré.

Les études récentes de l'EEG n'ont pas permis de découvrir un marqueur physiologique non équivoque de l'hypnose (Benson, Arns et Hoffman, 1981). De façon récente, des études récentes de neuro-imagerie ont démontré des changements subtils dans l'activation neuronale (Maquet et al., 1999; L'activation observée s'est produite principalement dans les corticales TOP sans augmentation correspondante des circuits DL. On a également observé une augmentation de l'activation dans le cortex préfrontal ventrolatéral pendant la suggestion hypnotique, Ce qui reflète vraisemblablement la demande sur les ressources attentionnelles pour traiter l'apport verbal (Rainville et al., 1999, Wik et al., 1999). Cela a également été montré dans une précédente étude régionale sur le débit sanguin (Crawford, Gur, Skolnick, Gur, & Benson, 1993). Ce modèle d'activation n'a pas été trouvé dans les études de neuroimagerie utilisant d'autres variables dépendantes et indépendantes de l'hypnose (Faymonville et al., 2000, Ground, Pawlik, Walter, Lesch et Heiss, 1995).

 

Un certain nombre de chercheurs ont postulé que les structures neurales concourent pour l'accès à la conscience (par exemple, Baddeley, 1995, Pinker, 1999). Le processus d'induction hypnotique, indépendamment de la façon dont il est mis en œuvre, sert à atténuer l'attention des personnes. Il a été suggéré que les effets de l'hypnose sont dus à l'inhibition frontale (pour les récents examens voir, Gruzelier, 2000, Kallio, Revonsuo, Markela, L'hypothèse d'hypofrontalité transitoire suggère en outre que, de la même manière que la méditation, l'attention focalisée de l'état hypnotique est le mécanisme par lequel l'activation de divers circuits préfrontal est diminuée, ce qui élimine leur calcul en se transformant en expérience consciente immédiate. Semble que certaines fonctions cognitives soutenues par le cortex préfrontal DL comme l'action volontaire, l'initiative, l'auto-réflexion critique, l'accessibilité à la mémoire, la flexibilité cognitive et la pensée et la logique indépendantes sont particulièrement affectées dans l'hypnose.

 

Il est proposé qu'au cours de l'hypnose, les suggestions de l'hypnotiseur, en raison de la focalisation étroite du sujet sur celles-ci, deviennent le contenu prédominant dans les mémoires de mémoire de travail sans passer par le filtre de ces autres circuits downregulated DL. Sans le calcul cognitif supplémentaire fourni par ces DL, la personne n'a pas la capacité d'examiner de manière critique les suggestions et donc de permettre une flexibilité comportementale. Il est évident que l'hypofonctionnement ne semble pas être un événement préfrontal total ou global. Par exemple, il a été démontré que les sujets hypnotisés ne peuvent pas (Kirsch et Lynn, 1998), qui est avant tout une fonction de la VM (Damasio, 1994). Ceci est confirmé par des études de neuro-imagerie montrant l'activation de VM (Maquet et al., 1999, Rainville Et al., 1999). Il est également suggéré que l'expérience d'un observateur caché et d'un courant divisé de conscience postulé par Hilgard
(1980) pourrait être due à des circuits préfrontal qui ne sont pas altérés par l'induction hypnotique. Similaires au rêve lucide, ces circuits indomptables peuvent fournir lucidité sans être capable d'influencer les actions réelles dans la vie réelle.En hypnose, les suggestions sont exécutées en activant directement le Moteur sans être examinés plus avant. Ceci est conforme à la description subjective de l'expérience hypnotique par les gens, indiquant qu'un acte comportemental donné est apparu par lui-même.

 

Comme nous l'avons déjà mentionné, Lhermitte (1983) et Lhermitte et al (1986) ont documenté une forte tendance des patients atteints du lobe frontal à dépendre de signaux environnementaux immédiats pour guider leur comportement. Ils ont l'impression d'être forcés d'utiliser des objets qu'ils voient et d'imiter le comportement qu'ils observent chez les autres. Ce comportement d'utilisation rappelle de façon similaire l'hypnose; Seulement avec les patients de lobe frontal les suggestions sont des déclencheurs environnementaux et non des commandes verbales. Comme avec l'hypnose, la susceptibilité aux suggestions chez les patients de lobe frontal s'accompagne d'un manque constant d'initiative, de persévérance de pensée, de manque de pensée indépendante et de comportement déraciné Flexibilité.Il est également intéressant de noter que les enfants ont tendance à être plus hypnotisable (Plotnick, Payne, & OÕGrady, 1991) .Le cortex préfrontal est encore au stade de développement et les enfants montrent des comportements d'imitation avec une fréquence beaucoup plus élevée.La volonté d'accepter des contradictions apparentes dans La logique au cours de l'hypnose est aussi une réminiscence de la logique utilisée par les enfants.Les enfants ne sont pas en mesure, jusqu'à l'âge exact, de réfléchir et d'intégrer les incohérences logiques et ne semblent pas être absorbés par leur existence.La recherche montre que les jeunes adultes avec braindamage frontal effectuer au niveau de (Houde et Joyes, 1995), démontrant le lien intime entre la capacité de raisonnement logique et la viabilité du cortex préfrontal.

 

En hypnose, la logique est similairement suspendue (Orne, 1959), impliquant en outre les circuits préfrontal . Les propriétés particulières de l'analgésie hypnotique indiquent en outre l'implication du cortex préfrontal dans l'hypnose. Par exemple, un patient peut ressentir de la douleur-chirugie tout en se plaignant de la température froide dans la salle d'opération (Hardcastle, 1999). Rapportent la douleur dans une main mais pas dans l'autre, bien que les deux soient soumis au même traitement. Dietrich / Consciousness and Cognition 12 (2003) 231-256245 (1999) a souligné que, pour ignorer intentionnellement une certaine douleur spécifique, il faudrait d'abord la reconnaître pour savoir ce que la douleur doit ignorer. En d'autres termes, la sensation doit être reconnue, Se distinguant des autres sensations, puis sélectivement bloqué de figurer dans la conscience consciente.Ceci suggère un processus descendant de l'ordre le plus élevé.Les patients du lobe frontal ont un phénomène analgésique remarquablement similaire en ce qu'ils rapportent l'expérience de la douleur, mais montrent peu, le cas échéant, (Vertosick, 2000). Il a été suggéré que l'augmentation du flux sanguin sur le cortex préfrontal de VM pourrait refléter l'effort du système d'attention pour garder la valeur émotionnelle de la sensation d'atteindre la conscience (Crawford et al., 1993).

 

Ces observations sont cohérentes avec l'hypothèse frontale de l'hypnose (p. Ex., Gruzelier, 2000). Les preuves directes de cette notion proviennent du test des sujets hypnotisés en utilisant diverses mesures neuropsychologiques telles que le test Stroop qui dépendent de l'activation préfrontale. Que les sujets se comportent mal sous hypnose par rapport à la ligne de base (Dixon et Laurence, 1992; Nordby, Hugdahl, Jasiukaitis, et Spiegel, 1999; Kaiser, Barker, Haenschel, Baldeweg, et Gruzelier, 1997; Kallio et al., 2001; Sheehan, Donovan et MacLeod, 1988). En outre, les études mesurant les potentiels liés aux événements pendant l'hypnose indiquent également une diminution de l'activation préfrontale (Nordby et al., 1999). Des recherches plus poussées utilisant des tests neuropsychologiques qui sont plus dicatifs pour diverses fonctions préfrontales telles que la mémoire de travail (par exemple, WCST ou un retard de non-correspondance à l'échantillon de la tâche), une attention soutenue (par exemple PASAT) ou des fonctions cognitives supérieures spécifiques telles que la théorie de l'esprit Paradigmes, pourraient aider à identifier plus en détail les circuits préfrontaux spécifiques qui sont affectés par l'induction hypnotique.

 

[neuneutrinos]

Je vais lire ça à tête reposé  

[neuneutrinos]

Le 07/12/2016 à 22:52, Hugin a dit :

L'hypothèse d'hypofrontalité transitoire suggère en outre que, de la même manière que la méditation, l'attention focalisée de l'état hypnotique est le mécanisme par lequel l'activation de divers circuits préfrontal est diminuée, ce qui élimine leur calcul en se transformant en expérience consciente immédiate.

Si cette hypothèse se confirme, au revoir "l'inconscient kifètou" !

et bonjour le cortex préfrontal, le nombre de fois où on le voit citer dans toutes les études sur l'hypnose...

 

Cependant quand on recherche la manière dont est mesuré la transe hypnotique et comment on la "provoque" (qui est globalement la même pour toutes les études) on peut se poser la question de la véracité et la prédominance du cortex préfrontale pour toutes transes hypnotiques... (mais en tout cas, c'est un bon point de départ !)

[Invité Liolas]

Et si la transe était un état plus étendu que la simple acceptabilité des suggestions comme elle est décrite dans la théorie préfrontal

Je dis ça au hasard, mais je vis la transe très différemment des inductions :-)

À part ça, je raffole de neurosciences donc un grand merci (^^)